Combien d’enfants ne sont pas vraiment de leur père ?

D’autant plus que cette affirmation
semble avoir particulièrement la cote auprès du corps médical : je l’ai
moi-même entendu d’un médecin, on l’évoquerait dans les cours à la fac
[1], le fameux Docteur House l’affirme dans un de ses épisodes et même
le célèbre urgentiste Patrick Pelloux a récemment poussé le chiffre
jusqu’à 40% !
Alors peut-on trouver une source fiable pour ce chiffre dérangeant ?
Les tests de paternité
Tout d’abord, il faut réaliser que
mesurer ce chiffre dans la population n’est pas chose aisée. Les tests
de paternité fiables à partir d’analyses ADN n’existent pas depuis si
longtemps, et il n’est pas facile de monter un projet de recherche se
proposant de faire des prélèvements sanguins dans la population afin de
répondre à cette question. Il faut donc se tourner vers des données déjà
existantes.
Une première source naturelle, ce sont
les laboratoires qui pratiquent les tests de paternité. D’après une
revue récente de la littérature [2], les chiffres varient entre 13% et
53%, avec une valeur typique autour de 30%. Le chiffre classiquement annoncé – un tiers des enfants – serait donc grosso modo correct ? Fin de l’histoire ?
J’espère qu’à ce stade de mon billet, vos
détecteurs de statistiques abusives se sont activés, et les lumières
rouges commencent à clignoter dans votre cerveau : il y a bien sûr un
problème avec ce chiffre ! Puisque les données proviennent des labos
pratiquant les tests de paternité, il y a un biais énorme : les chiffres ne concernent que les couples qui ont décidé de faire un test de paternité,
très certainement parce qu’ils avaient un doute ! Le résultat est donc
terriblement biaisé en faveur de l’exagération du chiffre. On peut même
presque s’étonner de ne pas trouver une valeur plus élevée !
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les pourcentages entre les enfants nés de parents mariés et les enfents nés hors mariage |
Combien d’enfants ne sont pas de leurs père à Paris ?

Dans cette étude donc, 25 cas de
« non-paternité » ont été identifiés. Sachant que la méthode n’était pas
basée sur les tests ADN, il est possible que quelques-uns n’aient en
plus pas été détectés. Si on prend en compte le nombre d’enfants moyen
par famille, on n’est pas très loin de 10% ! Alors, est-ce que les
parisiens seraient au-dessus de la moyenne dans ce domaine ?
Petit appel à témoins pour finir :
je crois avoir entendu que pour éviter les ennuis, on recommande aux
profs de SVT de faire leur cours en évitant les exemples concrets du
genre « compare ton groupe sanguin à celui de tes parents », et de s’en
tenir aux drosophiles. Si des enseignants me lisent, prenez-vous des
précautions particulières dans ce domaine ?