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Abandon des enfants nés hors mariage, symptôme du patriarcat : bâtards illégitimes sans père, enfants trouvés…
L’abandon d’enfant est un phénomène très ancien qui connut un développement important au XVIIIe siècle.
En 1787, Necker, estimait à 40 000 le nombre d’enfants trouvés qui
survivaient parmi les vingt-six millions d’habitants de la France. Selon
Jean Pierre Bardet, c’est environs 3 millions d’enfants illégitimes
(bâtards) qui furent abandonnés en France entre la seconde moitié du
18ème à la fin du 19ème, soit 1 enfant illégitime sur 2. On distinguait
les « enfants trouvés », exposés dans les lieux publics, recueillis et
transportés dans une institution, des « enfants abandonnés » que leurs
parents confient à un proche, à une autorité locale, à une institution.
Un crime pénal
L’abandon d’enfant longtemps considéré comme un crime expose les mères à des sanctions pénales.
En 1556, Henri II avait ordonné la promulgation d’un édit faisant
obligation à toutes les filles de déclarer leur grossesse dès qu’elles
en avaient connaissance pour limiter l’infanticide.
Pourtant, il est avec l’abandon, monnaie courante. On abandonne plus
facilement en ville qu’à la campagne, où l’on peut se fondre dans
l’anonymat. Un grand nombre d’enfants sont déposés sur la voie publique,
devant les porches des églises ou les maisons bourgeoises, la nuit.
C’est la culture du secret !
Issus de mariages non approuvé par les pères
Les raisons de l’abandon sont multiples. Ces enfants peuvent être
issus de mariage considéré comme illégitime, c’est-à-dire non-approuvé
par le père d’un ou des deux mariés. L’ordonnance de 1556 impose le
consentement paternel pour les filles jusqu’à 25 ans et 30 ans pour les
garçons. Cette pratique se rencontre surtout dans la haute société.
Le mariage est le seul garant de la reconnaissance de paternité
La sexualité hors mariage engendre des enfants sans père. Un enfant né hors mariage était une honte, et avait moins de droits. Au début du siècle encore, en France, les couples qui procréent hors mariage sont bannis de la société, et parfois poussés au suicide
! Dans les sociétés catholiques, les enfants sans pères étaient jetés
dans des hospices religieux, et les filles-mères, emprisonnées et
esclavagées à vie dans des couvents de bonnes-soeurs. Les Couvents de la
Madeleine, ont fermé en 1996 en Irlande. J.J. Rousseau qui se pose en
pédagogue en matière d’éducation, abandonne sans remord ses cinq bâtards
à l’hospice. Ils y seront mieux élevés que par sa maîtresse dit-il.
La criminalisation de la procréation hors mariage
Ce phénomène d’abandon s’explique par plusieurs causes, tenant soit à
l’incapacité économique de la mère de subvenir à ses besoins, soit à
des raisons psychologiques, soit à des raisons d’ordre social tenant par
exemple au stigmate frappant les enfants naturels, nés hors-mariage, et donc sans père.
Cela devient catastrophique en cas de refus du consentement paternel ou
de la disparition du futur mari. À Meulan, on estime à 8 % les
procréations « anticipées » entre 1660 et 1739, et à 12 % après 1740. À
Sotteville-lès-Rouen il y en a 36 % entre 1760 et 1790.
Les femmes qui ont recours à l’abandon sont souvent très jeunes et sans ressources car elles ne travaillent pas. Elles ont aussi peur d’annoncer à leur compagnon leur grossesse car ceux-ci risquent de fuir face à l’annonce de leur paternité.
Enfin, lorsqu’il s’agit d’adolescentes issues de minorités ethniques
(maghrébines ou antillaises par exemple), elles risquent aussi de se
faire bannir de la famille, voire d’être physiquement punies.
Une pratique toujours vivace en terre d’islam
Certains pays du Maghreb, dont le Maroc et l’Algérie, tolèrent la
pratique de l’abandon d’enfants, et ont mis en place des formes
d’accouchement sous X, sans que celles-ci ne soient officialisées ; au
Maroc, ceci va de pair avec une criminalisation de la mère, assimilée à une prostituée, puisqu’elle a pratiqué une sexualité en dehors du cadre légal du mariage (fornication, adultère). En Islam, un enfant conçu hors mariage n’a pas de père légal.
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