mardi 8 décembre 2015

Combien d’enfants ne sont pas vraiment de leur père ?

papa_bébé_300pxC’est un de ces chiffres étonnants que l’on entend de temps en temps dans les conversations : 1/3 des enfants ne seraient pas du père qui les élève ! Impossible de ne pas flipper en entendant ce chiffre : et moi ? et moi ?
D’autant plus que cette affirmation semble avoir particulièrement la cote auprès du corps médical : je l’ai moi-même entendu d’un médecin, on l’évoquerait dans les cours à la fac [1],  le fameux Docteur House l’affirme dans un de ses épisodes et même le célèbre urgentiste Patrick Pelloux a récemment poussé le chiffre jusqu’à 40% !
Alors peut-on trouver une source fiable pour ce chiffre dérangeant ?

Les tests de paternité

Tout d’abord, il faut réaliser que mesurer ce chiffre dans la population n’est pas chose aisée. Les tests de paternité fiables à partir d’analyses ADN n’existent pas depuis si longtemps, et il n’est pas facile de monter un projet de recherche se proposant de faire des prélèvements sanguins dans la population afin de répondre à cette question. Il faut donc se tourner vers des données déjà existantes.
Une première source naturelle, ce sont les laboratoires qui pratiquent les tests de paternité. D’après une revue récente de la littérature [2], les chiffres varient entre 13% et 53%, avec une valeur typique autour de 30%. Le chiffre classiquement annoncé – un tiers des enfants – serait donc grosso modo correct ? Fin de l’histoire ?
J’espère qu’à ce stade de mon billet, vos détecteurs de statistiques abusives se sont activés, et les lumières rouges commencent à clignoter dans votre cerveau : il y a bien sûr un problème avec ce chiffre ! Puisque les données proviennent des labos pratiquant les tests de paternité, il y a un biais énorme : les chiffres ne concernent que les couples qui ont décidé de faire un test de paternité, très certainement parce qu’ils avaient un doute ! Le résultat est donc terriblement biaisé en faveur de l’exagération du chiffre. On peut même presque s’étonner de ne pas trouver une valeur plus élevée !


les pourcentages entre les enfants nés de parents mariés et les enfents nés hors mariage


Combien d’enfants ne sont pas de leurs père à Paris ?

tour_eiffel_tetineIl se trouve qu’une étude a justement été publiée sur le sujet en 1980 [3] à partir de données de la banque de sang. Bien sûr l’objectif de l’étude n’était pas spécifiquement de tester les Parisiens, mais l’article précise que parmi les 171 familles testées, la plupart provenaient de la région parisienne.
Dans cette étude donc, 25 cas de « non-paternité » ont été identifiés. Sachant que la méthode n’était pas basée sur les tests ADN, il est possible que quelques-uns n’aient en plus pas été détectés. Si on prend en compte le nombre d’enfants moyen par famille, on n’est pas très loin de 10% ! Alors, est-ce que les parisiens seraient au-dessus de la moyenne dans ce domaine ?
Petit appel à témoins pour finir : je crois avoir entendu que pour éviter les ennuis, on recommande aux profs de SVT de faire leur cours en évitant les exemples concrets du genre « compare ton groupe sanguin à celui de tes parents », et de s’en tenir aux drosophiles. Si des enseignants me lisent, prenez-vous des précautions particulières dans ce domaine ?

Abandon des enfants nés hors mariage, symptôme du patriarcat : bâtards illégitimes sans père, enfants trouvés…

Abandon des enfants nés hors mariage, symptôme du patriarcat : bâtards illégitimes sans père, enfants trouvés…

L’abandon d’enfant est un phénomène très ancien qui connut un développement important au XVIIIe siècle. En 1787, Necker, estimait à 40 000 le nombre d’enfants trouvés qui survivaient parmi les vingt-six millions d’habitants de la France. Selon Jean Pierre Bardet, c’est environs 3 millions d’enfants illégitimes (bâtards) qui furent abandonnés en France entre la seconde moitié du 18ème à la fin du 19ème, soit 1 enfant illégitime sur 2. On distinguait les « enfants trouvés », exposés dans les lieux publics, recueillis et transportés dans une institution, des « enfants abandonnés » que leurs parents confient à un proche, à une autorité locale, à une institution.

Un crime pénal

L’abandon d’enfant longtemps considéré comme un crime expose les mères à des sanctions pénales. En 1556, Henri II avait ordonné la promulgation d’un édit faisant obligation à toutes les filles de déclarer leur grossesse dès qu’elles en avaient connaissance pour limiter l’infanticide. Pourtant, il est avec l’abandon, monnaie courante. On abandonne plus facilement en ville qu’à la campagne, où l’on peut se fondre dans l’anonymat. Un grand nombre d’enfants sont déposés sur la voie publique, devant les porches des églises ou les maisons bourgeoises, la nuit. C’est la culture du secret !

Issus de mariages non approuvé par les pères

Les raisons de l’abandon sont multiples. Ces enfants peuvent être issus de mariage considéré comme illégitime, c’est-à-dire non-approuvé par le père d’un ou des deux mariés. L’ordonnance de 1556 impose le consentement paternel pour les filles jusqu’à 25 ans et 30 ans pour les garçons. Cette pratique se rencontre surtout dans la haute société.

Le mariage est le seul garant de la reconnaissance de paternité

La sexualité hors mariage engendre des enfants sans père. Un enfant né hors mariage était une honte, et avait moins de droits. Au début du siècle encore, en France, les couples qui procréent hors mariage sont bannis de la société, et parfois poussés au suicide ! Dans les sociétés catholiques, les enfants sans pères étaient jetés dans des hospices religieux, et les filles-mères, emprisonnées et esclavagées à vie dans des couvents de bonnes-soeurs. Les Couvents de la Madeleine, ont fermé en 1996 en Irlande. J.J. Rousseau qui se pose en pédagogue en matière d’éducation, abandonne sans remord ses cinq bâtards à l’hospice. Ils y seront mieux élevés que par sa maîtresse dit-il.

La criminalisation de la procréation hors mariage

Ce phénomène d’abandon s’explique par plusieurs causes, tenant soit à l’incapacité économique de la mère de subvenir à ses besoins, soit à des raisons psychologiques, soit à des raisons d’ordre social tenant par exemple au stigmate frappant les enfants naturels, nés hors-mariage, et donc sans père. Cela devient catastrophique en cas de refus du consentement paternel ou de la disparition du futur mari. À Meulan, on estime à 8 % les procréations « anticipées » entre 1660 et 1739, et à 12 % après 1740. À Sotteville-lès-Rouen il y en a 36 % entre 1760 et 1790.

Les femmes qui ont recours à l’abandon sont souvent très jeunes et sans ressources car elles ne travaillent pas. Elles ont aussi peur d’annoncer à leur compagnon leur grossesse car ceux-ci risquent de fuir face à l’annonce de leur paternité. Enfin, lorsqu’il s’agit d’adolescentes issues de minorités ethniques (maghrébines ou antillaises par exemple), elles risquent aussi de se faire bannir de la famille, voire d’être physiquement punies.

Une pratique toujours vivace en terre d’islam

Certains pays du Maghreb, dont le Maroc et l’Algérie, tolèrent la pratique de l’abandon d’enfants, et ont mis en place des formes d’accouchement sous X, sans que celles-ci ne soient officialisées ; au Maroc, ceci va de pair avec une criminalisation de la mère, assimilée à une prostituée, puisqu’elle a pratiqué une sexualité en dehors du cadre légal du mariage (fornication, adultère). En Islam, un enfant conçu hors mariage n’a pas de père légal.

les enfants illégitimes

 

Enfant illégitime

Definition

Un enfant illégitime est un enfant conçu dans le cadre d'une relation adultérine, c'est-à-dire en dehors du mariage dans lequel au moins un des parents est déjà engagé.
La distinction entre enfants légitimes, conçus dans le cadre du mariage, et les enfants adultérins a une place importante dans les civilisations dont les structures sociales ou religieuses sont fondées sur le couple. Un enfant adultérin est également appelé, dans l'acception historique des enfants royaux illégitimes, « bâtard ». Enfin, c'est aussi une insulte dans son acception la plus courante.
C'est le cas en Occident, de tradition judéo-chrétienne, où le terme de « bâtard » est longtemps resté une insulte (cf. l'anglais « bastard » ou l'expression surannée « fille-mère »). Les législations des pays occidentaux ont longtemps consacré la différence entre enfants adultérins et légitimes (notamment en termes d’héritage ou de transmission du nom), mais la tendance est à sa suppression.
Quand l'enfant est issu de deux personnes non mariées, on parle d'enfant naturel. Sur un acte de naissance la mention marginale N.N.R. signifie « Naturel Non Reconnu » (père inconnu ou non déclaré), l'enfant est réputé adultérin si la mère est déjà mariée et refuse de dévoiler le nom du père du nouveau-né.
L'enfant peut être légitimé lors, par exemple, du mariage de sa mère, par une reconnaissance de paternité de l'époux (laquelle n'induit pas nécessairement que ce dernier soit le père biologique de l'enfant, mais qu'il en accepte les obligations légales).

Quelle est la différence entre un enfant légitime et un enfant illégitime ?


 Un enfant légitime est un enfant né de parents mariés ensemble alors qu’un enfant illégitime est issu de parents non mariés. Leur statut est très proche, mais contrairement aux parents légitimes, les parents doivent obligatoirement reconnaître l’enfant illégitime à la mairie ou éventuellement devant notaire.




enfant légitime
enfant illégitime